Cette infographie revient sur la chronologie et la géographie de la bataille de Verdun. L’affrontement, qui oppose les troupes françaises et allemandes, est le plus long de la Grande Guerre – 10 mois de combats entre le 21 février et le 18 décembre 1916 – mais aussi l’un des plus emblématiques du premier conflit mondial.
Pour aller plus loin :
Cochet, François, Porte, Rémy, Dictionnaire de la Grande Guerre 1914-1918, Paris, Robert Laffont, 2008 (2013) ;
Jankowski, Paul, Verdun (21 février 1916), Paris, Gallimard, 2013 ;
IGN. Grande Guerre. Bataille de Verdun, 1916, Institut national de l’information géographique et forestière, Mission du centenaire de la première guerre mondiale, 2015.
Dans un précédent billet, je vous expliquais comment j’ai dépouillé plus de 4000 fiches matricules pour la rédaction de ma thèse de doctorat. Je vous propose aujourd’hui un exemple concret d’exploitation de la base de données qui a été constituée à cette occasion en analysant les statistiques relatives aux récompenses des soldats entre 1914 et 1918.
Durant la Grande Guerre, les principales distinctions sont la Légion d’honneur et la médaille militaire, respectivement créées en 1802 et 1852. En 1915, la création d’une troisième médaille, plus « démocratique », car sans quota et sans distinction de grade, est votée par le Parlement. Il s’agit de la Croix de guerre[1].
En outre, accompagnées ou non d’une décoration, l’armée octroie aussi des citations. Celles-ci soulignent une conduite considérée comme exemplaire par l’autorité. Destinées à l’origine à être lues à l’ordre du jour de l’armée et publiées au Journal officiel, elles sont aussi distribuées à des niveaux inférieurs, « à l’ordre » du corps d’armée, de la division ou du régiment[2]. Toutes ces récompenses, décorations et citations, figurent sur les registres matricules et je les ai donc intégrées à mon fichier.
A priori, l’idée était de disposer d’un indicateur objectif pour mesurer le comportement des soldats de mon échantillon. Autrement dit, l’idée de base était que les décorations et citations permettaient de mesurer la combattivité ou l’obéissance des hommes. Mais, en y regardant de plus près, j’ai très vite compris que ces données me donnaient plus d’informations sur ceux qui donnent les ordres que sur ceux qui les reçoivent. Explications…
Récompenses et comportements
Les récompenses peuvent être lues de deux façons différentes. Soit, l’observateur considère qu’elles traduisent, sans aucun filtre, la « conduite du combattant[3] ». Soit, il aborde ces récompenses du point de vue de l’autorité, car il ne faut pas perdre de vue qu’elles sont attribuées sur proposition des supérieurs hiérarchiques[4], et qu’elles sont pour l’institution un outil de « gestion morale de l’esprit combattant », de maintien du « lien hiérarchique[5] » ou encore, pour les officiers, un « moyen d’action psychologique[6] ». C’est notamment cette fonction de maintien de la cohésion des troupes qui explique la chronologie des attributions des citations[7]. En effet, comment expliquer, sinon, qu’elles sont de plus en plus distribuées entre 1914 et 1918, alors même que les combats les plus meurtriers se déroulent au début du conflit ?
Chronologie des citations attribuées aux soldats du recrutement de Granville
Dans cette optique, le vocabulaire employé dans les 328 citations obtenues par les combattants de notre échantillon permet de se faire une idée succincte des qualités attendues chez un bon soldat[8]. Un tiers de ces textes désignent ainsi leurs récipiendaires comme des « modèles ». Un « bon soldat » est un « bel exemple » ou encore « un excellent soldat » ayant fait preuve d’une « superbe conduite » ou d’une « belle attitude au feu ». Dans 66 % des cas, ces récompenses valorisent avant tout le « courage », la « bravoure » ou « la vaillance »[9]. Le « dévouement » (32 %) est la seconde notion la plus répandue et au moins deux témoignages confirment qu’elle est effectivement appréciée par les officiers. Le 17 mai 1915, le soldat Julien Carnet annonce ainsi à sa femme que « le commandant nous a rassemblés et en termes très bons nous a félicités et remerciés de notre dévouement[10] ». Autre exemple, le 19 avril 1917, le lieutenant Victor Dupont rapporte les propos de son colonel à son sujet : « Toutes les fois que j’ai parlé de vous à ceux sous les ordres de qui vous vous êtes trouvés, ils m’ont fait des éloges de vous, me disant que vous vous comportiez très bien en toutes circonstances et faisiez preuve d’activité et de dévouement[11] ». Viennent ensuite d’autres valeurs telles que le « sang-froid » (22 %), « l’entrain » (18 %) et, plus rarement, « l’endurance » ‒ au sens de résistance, de ténacité –, « l’intelligence » et la « modestie ».
La typologie des gestes récompensés pour les Normands est la même que celle observée par Jules Maurin dans son échantillon languedocien[12]. Il s’agit de faits d’armes – assistance aux blessés, récupération de corps, conquête d’un point adverse, résistance à une attaque, coup de main – et de la reconnaissance de l’expérience ou du temps passé au front. Les blessures motivent encore 34 % des citations. D’ailleurs, comme le remarque Xavier Boniface, il est significatif que lors des débats à la Chambre sur la création de la Croix de guerre, il était initialement envisagé de l’attribuer systématiquement à tous les blessés[13]. De fait, la part des victimes, soldats blessés ou morts pour la France, est très importante dans cette catégorie de soldats (70 %).
Qui récompense-t-on ?
Les décorés et/ou cités représentent 19 % des mobilisés du bureau de recrutement que nous avons étudié[14]. Leur proportion est légèrement inférieure dans le nord Cotentin (16 % au bureau de recrutement de Cherbourg) et dans les subdivisions languedociennes : 11 % pour Béziers et 12 % pour Mende[15]. Les affectations expliquent certainement la disparité entre les soldats du recrutement de Granville et ceux de Cherbourg : les fantassins étant plus nombreux dans le premier que dans le second. La différence de récompensés entre l’échantillon de Jules Maurin et le mien tient peut-être à un procédé de dépouillement différent ou peut-être aussi aux préjugés que les officiers peuvent avoir envers les soldats méridionaux[16].
L’attribution en grand nombre de citations aux blessés explique en partie le profil des décorés et/ou cités. Les récompensés sont relativement nombreux dans l’agriculture (20 %), et particulièrement chez les exploitants agricoles (22 %). Leur proportion est encore importante dans l’infanterie (23 %) et dans la cavalerie (30 %), c’est-à-dire les deux armes où sont mobilisés prioritairement les agriculteurs et qui sont aussi, faut-il le rappeler, les plus exposées aux dangers.
Récompensés du recrutement de Granville par armes, en bleu la part des soldats décorés et/ou cités.
Les taux de décorés et/ou cités sont également conséquents dans le secteur tertiaire (23 %), chez les employés (22 %) et les cadres (25 %). On observe ici les effets d’une pratique consistant à décerner presque systématiquement des distinctions aux officiers. Sur les 197 officiers, pour lesquels nous avons dépouillé les fiches matricules, 126, soit 64 %, sont cités et 120, soit 61 %, sont décorés de la Légion d’honneur.
Récompensés du recrutement de Granville par secteurs d’activités, en bleu la part des soldats décorés et/ou cités.
Prises en l’état, les données relatives aux récompenses ne permettent qu’imparfaitement d’apprécier les comportements car elles reflètent d’abord les choix de l’institution et de ses officiers. Instrument de gestion du moral, du maintien de la cohésion des troupes, celles-ci sont largement distribuées aux effectifs les plus éprouvés. Toutefois, et pour cette raison, ne nous fournissent-elles pas, en creux, un indice quant à la progression d’un certain sentiment de lassitude dans l’opinion combattante ?
[1] Fournier, Henry-Jean, « La genèse de la croix de guerre », dans Rémy Porte et Alexis Neviaski (dir.), Croix de guerre. Valeur militaire. La marque du courage, Paris, LBM-SHD, 2005, p. 15.
[2] Porte, Rémy, « Citation », dans François Cochet, Rémy Porte (dir.), Dictionnaire de la Grande Guerre 1914-1918, Paris, Robert Laffont, 2008, p. 247.
[3]Maurin, Jules, Armée, guerre et société : soldats languedociens, 1889-1919, Paris, Publications de la Sorbonne, 1982, p. 509-510.
[4] Boniface, Xavier, « Décorer les militaires (XIXe-XXe siècles) », dans Brunon Dumons et Gilles Pollet (dir.), La Fabrique de l’Honneur. Les médailles et les décorations en XIXe-XXe siècles, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009, p. 107-108.
[5] Saint-Fuscien, Emmanuel, À vos ordres ? La relation d’autorité dans l’armée française de la Grande Guerre, Paris, Éditions de l’École des hautes en sciences sociales, 2011, p. 222.
[6] Maurin, Jules, Armée, guerre et société… op. cit., p. 521. Olivier Ihl insiste sur le rôle des distinctions dans la gestion des ressources humaines d’une organisation et n’hésite pas à parler de « management honorifique » (Ihl, Olivier, « Gouverner par les honneurs. Distinctions honorifiques et économique politique dans l’Europe du début du XIXe siècle », dans Genèses, n° 55, 2004, p. 15).
[7] Xavier Boniface remarque également la hausse des attributions en 1917 et 1918 et en déduit qu’elle « révèle un enjeu » pour l’institution (Boniface, Xavier, « Décorer les militaires… op. cit. », p. 111).
[8] L’analyse lexicographique est facilitée par le style de rédaction des citations. À ce propos, Jules Maurin remarque que la « forme et le vocabulaire sont les mêmes pour tous les soldats cités. Certaines sont laconiques, d’autres plus étoffées, les unes comme les autres soulignant tantôt un fait particulier, tantôt une attitude exceptionnelle dans les termes et une phraséologie largement stéréotypée » (Maurin, Jules, Armée, guerre et société… op. cit., p. 512).
[9] La fréquence des termes liés à la notion de courage et qui sont rencontrés dans les 310 citations de l’échantillon est la suivante : « courage » (69), « brave » (44), « courageux » (43), « bravoure » (34), « bravement » (10), « vaillamment » (6), « courageusement » (5), « vaillance » (2), « courageuse » (1), « intrépidité » (1), « cran » (1), « crânement » (1).
[10] Arch. dép. Manche, fonds Carnet, 1 J 232, correspondance de Julien Carnet, 17 mai 1915.
[11] Arch. dép. Manche, fonds Lecacheux, 136 J, correspondance de Victor Dupont, 19 avril 1917.
[12] Maurin, Jules, Armée, guerre et société… op. cit., p. 514-515.
[13] Boniface, Xavier, « Décorer les militaires… op. cit. », p. 110.
[14] Dans le détail, l’échantillon compte 237 décorés, soit 15 % des mobilisés et 289 cité, soit 19 % des soldats appelés sous les drapeaux.
[15] Maurin, Jules, Armée, guerre et société… op. cit., p. 511-522.
[16] Yann Lagadec cite de nombreux soldats bretons dénigrant les Méridionaux (Lagadec, Yann, « L’approche régionale, quelle pertinence ? », dans Michaël Bourlet, Yann Lagadec, Erwan Le Gall (dir.), Petites patries dans la Grande Guerre, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013, p. 45-51). Concernant les stéréotypes à l’encontre des Méridionaux, voir Le Naour, Jean-Yves, « La faute aux “Midis” : la légende de la lâcheté des méridionaux au feu », dans Annales du Midi, octobre-décembre 2000, p. 499-515 ; Le Naour, Jean-Yves, Désunion nationale. La légende noire des soldats du midi, Paris, Editions Vendémiaires, 2011, 188 p. ; Cabanel, Patrick, Vallez, Maryline, « La haine du Midi : l’antiméridionalisme dans la France de la Belle Époque », dans Claudine Vassas (dir.), Les suds. Construction et déconstruction d’un espace national, 126e congrès national des sociétés historiques et scientifiques, Toulouse, 2001, p. 87-97. Voir aussi Halais, Jérémie, « Les conscrits du recrutement de Granville et le fait régional », dans Michaël Bourlet, Yann Lagadec, Erwan Le Gall (dir.), Petites patries… op. cit., p. 117-134 ; Halais, Jérémie, Des Normands sous l’uniforme, Bayeux, Orep éditions, 2018, 384 p.
Entre 2011 et 2016, j’ai consacré une grande partie de mon temps libre à la rédaction d’une thèse de doctorat – celle-ci a été publiée en 2018 aux éditions Orep sous le titre Des Normands sous l’uniforme –. Mes recherches portaient sur les parcours et les comportements adoptés par des soldats normands, manchois en l’occurrence, au sein de l’institution militaire entre 1889 et 1919. Ces hommes avaient en commun d’appartenir à la première génération qui a connu le service militaire universel et obligatoire et l’expérience de la Grande Guerre. Les registres matricules militaires ont constitué la source principale de cette étude (cf. les annexes). En effet, dans la Manche, la destruction des archives départementales, mais aussi des services préfectoraux, durant l’été 1944, ont entraîné la disparition de la presque totalité des séries M (administration générale), et R (affaires militaires).
Ces archives du recrutement militaire m’ont permis d’établir de nombreuses statistiques exploitées sous la forme de tableaux, de graphiques et de cartes. J’ai pu ainsi croiser des données comme, par exemple, les professions et les armes d’affectation, les niveaux d’instruction et les condamnations en conseil de guerre. Elles sont aussi, en partie, à l’origine de ce blog et en particulier de cette infographie consacrée aux pertes de la Grande Guerre ou encore celle-ci sur l’expérience de la caserne entre 1889 et 1914, et de bien d’autres encore à venir…
On oublie souvent qu’avant d’analyser des données et de les mettre en forme, il faut les collecter et les travailler un peu.
Les données des registres matricules
Chaque fiche matricule contient plusieurs rubriques dans lesquelles se répartissent les informations personnelles relatives à l’état civil de la personne (dates et lieux de naissance, éventuellement de décès, ascendants, lieux de domicile), à sa description physique et sanitaire (données anthropométriques, maladies, infirmités ou blessures), ses caractères socioculturels (profession, niveau d’instruction), son parcours judiciaire (casier judiciaire) et militaire (classement au conseil de révision, affectations, décorations, blessures, captivité, condamnations).
Outre les nombreux sigles, abréviations et noms d’unités militaires qu’ils contiennent, plusieurs critiques peuvent être adressées aux registres matricules quant à la fiabilité de certaines informations recueillies, par exemple, sur le signalement ou le degré d’instruction des conscrits. On pourrait encore citer l’absence de précisions sur la géographie des combats auxquels les soldats ont participé ou bien encore les permissions dont ils ont pu bénéficier, les approximations sur les affectations entre les régiments d’active ou de réserve. Ces lacunes mises à part, les informations des registres demeurent, néanmoins, très fiables dans leur majorité.
Elles ont été collectées et systématiquement reportées dans un fichier de 230 colonnes, principale source de mon étude. Sa constitution s’est faite à partir d’un échantillon de 1960 individus soit 5 % des conscrits du bureau de Granville pour la période 1889 à 1919. J’ai opté pour un échantillonnage systématique parce qu’il permettait de respecter les effectifs des classes d’âge. Concrètement, j’ai effectué un sondage au 1/20e en ne retenant que les matricules se terminant par le chiffre 1. Cette méthode peut cependant introduire un biais, s’il existe un cycle dans le mode de production de la source. Celui-ci n’existait pas puisque d’une année sur l’autre, le parcours du conseil de révision n’est jamais le même, d’où un véritable brassage géographique. Le sondage était donc représentatif, les effectifs par cantons et par classes d’âges respectant le poids de chaque sous-groupe dans la population totale de la subdivision.
Voici à quoi ressemble le fichier principal sur lequel j’ai travaillé pendant 5 ans pour la rédaction de la thèse. Chaque ligne correspond à un conscrit et chaque colonne à une variable ou une donnée le concernant, au total 1960 lignes et 237 colonnes.
En outre, afin de compenser partiellement les lacunes des registres, et quand cela était possible, les fiches des soldats « morts pour la France », accessibles sur Mémoire des hommes, ainsi que les dossiers reconstitués, à partir de 1945, par l’office départemental des anciens combattants (ODAC) ont été croisés avec ce fichier.
De 1960 à 4636 fiches…
Mais ma problématique nécessitait l’étude de sous-groupes spécifiques dont les effectifs étaient trop faibles dans l’échantillon principal. Cette contrainte a donc motivé la création de 7 autres bases. Quatre d’entre elles ont été constituées par un dépouillement exhaustif des registres matricules et concernaient :
les conscrits déclarés « bons absents » par les conseils de révision entre 1889 et 1914 (645 individus) ;
les soldats condamnés en conseil de guerre entre 1889 et juillet 1914 (125 individus) ;
les engagés volontaires entre 1914 et 1918 (273 individus) ;
les militaires condamnés en conseil de guerre durant le conflit ou dans l’immédiat après-guerre (297 individus). Les fichiers des faits de délinquance perpétrés sous l’uniforme ont été complétés par les dossiers d’amnisties des tribunaux de première instance d’Avranches et de Mortain, les jugements de conseil de guerre relatés dans la presse, mais, surtout, par les archives des conseils de guerre de la Xe région militaire et des conseils de guerre aux armées de la 20e division.
Trois autres fichiers ont été élaborés grâce à un échantillonnage. Ils portaient sur :
les engagés volontaires avant conflit (316 individus),
les officiers (197 individus)
et les prisonniers de guerre (327 individus).
Comparer horizontalement et verticalement les données
Les données ainsi rassemblées ont été confrontées à celles établies par Jules Maurin dans sa thèse magistrale sur les subdivisions de Mende, en Lozère, et de Béziers, dans l’Hérault[1] ; « travail fondateur »[2], résultat d’un dépouillement de plus de 9000 fiches matricules. Il fallait aussi disposer de chiffres à l’échelon départemental et national. Pour cela, je me suis tourné vers les recueils statistiques publiés tous les ans par les services des ministères, ou encore les chiffres du recensement de 1911.
Mais, afin de disposer d’un élément local de comparaison, un dernier échantillon, de 976 individus, a été constitué à partir des registres de la subdivision de Cherbourg. La question n’étant pas ici d’étudier la structure de cette population, un effectif d’un millier d’individus a semblé suffisant. Les conscrits cherbourgeois ont été sélectionnés selon la technique de l’échantillonnage aléatoire et stratifié, afin de respecter les effectifs par classe d’âge. Concrètement, une fois l’effectif de l’échantillon arrêté, un nombre d’individus a été tiré au sort pour chaque année proportionnellement au poids démographique de chaque classe d’âge.
[1] Maurin, Jules, Armée, guerre, société : soldats languedociens, 1889-1919, Paris, Publications de la Sorbonne, 1982, 750 p.
[2] Loez, André, « Autour d’un angle mort historiographique. La composition sociale de l’armée française en 1914-1918 », dans Matériaux pour l’histoire de notre temps, n° 91, juillet-septembre 2008, p. 32-41. Sur le travail de Jules Maurin, et sa place dans l’historiographie de la Grande Guerre, le lecteur consultera : Rousseau, Frédéric, « Penser la Grande Guerre avec ou sans Jules Maurin », dans Jean-François Muracciole et Frédéric Rousseau (dir.), Combats. Hommage à Jules Maurin historien, Paris, Michel Houdiard, 2010, p. 207-227 ; ainsi que la préface rédigée par André Loez et Nicolas Offenstadt pour la réédition d’Armée, guerre, société, en 2015, aux Presses universitaires de la Sorbonne.
Longtemps le service militaire a été présenté comme une institution qui, au même titre que l’école, aurait été, en France avant 1914, un acteur de la diffusion de l’idée républicaine. Il est vrai que les différentes lois, de 1889 à 1913, tendent à rendre ce passage à la caserne de plus en plus universel et égalitaire. Mais, dans le détail, l’instruction militaire prend différentes formes et reste tributaire de facteurs sociologiques. Le temps sous l’uniforme n’est donc pas une expérience totalement uniforme. Cette infographie montre la diversité des parcours militaires en se basant sur trois critères : le temps passé sous les drapeaux, le lieu de garnison et l’affectation par armes. Elle a été établie à partir des données du recrutement de Granville que j’ai étudié lors de ma thèse de doctorat.
Pour aller plus loin :
Crépin A., Histoire de la conscription, Paris, Gallimard, coll. « Folio Histoire », 2009 ;
Dans quelle mesure les soldats français sont-ils mis, entre 1914 et 1918, à contribution par l’armée dans son œuvre de défense nationale ? L’objet de cette infographie est de répondre à cette question. Elle montre aussi que la participation à l’effort de guerre n’est pas la même pour tous, puisque l’âge, la profession jouent un rôle dans l’exposition aux dangers.