France, les victimes civiles, 1939-1945

Cette nouvelle infographie est consacrée aux victimes civiles de la seconde guerre mondiale dans les limites de la France métropolitaine. Elle se base sur les données mises en ligne par le site Mémoires des Hommes, à partir des dossiers conservés au Service historique de la Défense à Caen. Ceux-ci concernent les pertes civiles collatérales « des combats et autres actes de guerre » tels que les bombardements et mitraillages aériens mais aussi les mines ou autres engins explosifs.

Cette base de données, très riche, comporte pourtant quelques lacunes. Ainsi, elle n’est pas exhaustive puisque seuls y sont enregistrés les individus ayant fait l’objet d’une procédure dans l’optique d’obtenir une reconnaissance, un statut. Les enquêtes menées dans les années 1990 par le Centre de recherche en histoire quantitative de l’Université de Caen sur les décès provoqués par le Débarquement et la bataille de Normandie révèlent un écart parfois important. Par exemple, pour la ville de Saint-Lô, cette base recense 432 civils morts dans cette commune du 6 juin au 31 décembre 1944, alors que Mémoire des Hommes n’en compte que 243.  

Autre lacune, la base des victimes civiles ne précise pas les motifs du décès, une donnée qu’il aurait été intéressant de croiser avec d’autres.

Nous avons dû traiter un peu les données dans plusieurs cas. Il fallait éliminer de l’échantillon les individus décédés après le conflit mais ayant obtenu une reconnaissance a posteriori. Seules les 101 371 personnes décédées entre le 1er septembre 1939 et le 8 mai 1945 ont été retenues.

De la même façon, afin d’établir la pyramide des âges, il nous fallait identifier les femmes. Pour ce faire, nous avons repéré les prénoms féminins ainsi que les noms d’épouse. Mais les femmes demeurent sous-représentées notamment parce que de nombreux prénoms sont mixtes (ex. Camille) ou ont été mal orthographiés (ex. André et Andrée). La sur-représentation des hommes doit donc fortement être nuancée.

Il n’en demeure pas moins que cette infographie permet de saisir de grandes tendances. Tout d’abord, et sans surprise, deux périodes paraissent particulièrement meurtrières : la bataille de France, en mai-juin 1940 puis la période de la Libération, du 6 juin à septembre 1944. Ensuite, la géographie des décès distingue clairement la partie septentrionale de l’hexagone. La région parisienne, le Nord, le Pas-de-Calais, la Seine-Inférieure (aujourd’hui la Seine-Maritime), le Calvados, la Manche, l’Ille-et-Vilaine, la Loire-Inférieure (aujourd’hui la Loire-Atlantique), le Finistère et le Bas-Rhin, sont les départements les plus touchés. Néanmoins, la mort touche l’ensemble du territoire national et cela durant toute la durée du conflit. Par exemple, en 1941, tous les départements sont touchés, mais aucun n’enregistre plus de 500 décès. Cette année, la moins meurtrière pour les civils français, compte tout de même près de 2000 morts directement liées aux hostilités.

Une infographie consacrée aux victimes civiles de la seconde guerre mondiale dans les limites de la France métropolitaine.

Pour aller plus loin

  • Florentin E., Quand les Alliés bombardaient la France, Paris Perrin, 1997 ;
  • Halais J., Saint-Lô, 1939-1945. Une ville normande dans la seconde guerre mondiale, Bayeux, OREP, 2019 ;
  • Knapp A., Les Français sous les bombes alliées, 1940-1945, Paris, Tallandier, 2017 ;
  • Service historique de la Défense, base des victimes civiles, 21 P. [En ligne] www.memoiresdeshommes.sga.defense.gouv.fr.
  • Mémorial des victimes civiles. Le dénombrement des civils tués au cours des opérations militaires du 6 juin au 31 décembre 1944 en Normandie. [En ligne] https://www.unicaen.fr/mrsh/vc1944/recherche.html

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